Climat : 15 000 personnes à Bayonne pour la sortie du rapport 1,5 °C du GIEC
Article écrit par Bizi! et publié sur Enbata
Le week-end de mobilisation sur le climat se clôture à peine, et c’est déjà un succès, malgré les conditions météorologiques très défavorables : près de 15 000 personnes ont assisté à l’édition 2018 d’Alternatiba Bayonne et à l’arrivée du Tour Alternatiba. Parmi elles, près de 200 personnalités, scientifiques, responsables politiques et associatifs, artistes, anciens ministres. En duplex depuis la Corée du Sud, Valérie Masson-Delmotte, membre du comité scientifique du GIEC, a donné au public rassemblé à Bayonne la primeur de l’adoption du rapport 1,5 °C et encouragé la poursuite des actions citoyennes comme le Tour Alternatiba.
A la veille de la sortie du rapport 1,5 °C du GIEC, Bayonne a permis de délivrer un message fort. Le manifeste final, lu par Gaby, jeune lycéenne de Poitiers et Moriba, jeune guinéen sauvé de la noyade par un bateau de secours maritime en traversant la Méditerranée, seize ans tous les deux, a lancé un vibrant appel à la métamorphose immédiate de nos territoires. “Loin de la politique des petits pas, et face à l’impératif absolu de cantonner l’augmentation de la température du globe sous la barre critique des 1,5 °C, il est fondamental que nous enclenchions dès à présent une métamorphose écologique et sociale de nos territoires : il est de notre responsabilité de mettre dès à présent en oeuvre les mesures qui nous permettent d’atteindre cet objectif, mais également de mobiliser nos élus locaux et de ne pas hésiter à leur demander des comptes en 2020.” estime Pauline Boyer, d’Alternatiba.
15 000 personnes ont participé à Alternatiba 2018
Près de 6 300 personnes ont assisté à ses conférences
1 150 bénévoles l’ont organisé
Dans la foule massée sur les places du village Alternatiba, des banderoles dans six langues (français, anglais, espagnol, euskara, arabe, chinois) rappelaient : “1,5 °C, il est encore temps. Changeons le système, pas le climat”. Une nécessité pour parvenir à des sociétés plus justes, plus solidaires et plus soutenables. “ 1,5 °C est déjà une urgence vitale pour des millions de personnes dans le monde qui subissent de plein fouet les conséquences du dérèglement climatique, et notamment les pays du Sud qui payent un lourd tribut humain et social pour un phénomène qu’ils n’ont historiquement pas provoqué. Il reste une toute petite chance de maintenir l’augmentation de la température du globe en dessous de 1,5 °C, mais cela suppose un changement massif et immédiat de notre système actuel, et le refus des fausses solutions comme la géoingénierie ou le nucléaire !” considère Florent Compain, des Amis de la Terre.
Le meeting final s’est également conclu par un appel à action unitaire lu par Vincent Verzat de la plateforme “Il est encore temps” pour la suite des mobilisations à venir : remise des principales conclusions du rapport du GIEC à nos dirigeants, interposition face aux projets et politiques climaticides avec une main rouge symbolique, ou encore marches du 13 octobre font partie des mobilisations à venir. “L’alerte rouge a sonné : nous avons désormais une tolérance zéro. Un nombre croissant de citoyens est prêt à mener des actions non-violentes et n’hésite pas à entrer en désobéissance civile pour stopper des projets et politiques climaticides. Nous continuerons de faire croître ce mouvement lors des échéances à venir, parmi lesquelles l’opération de nettoyage géante de l’agence centrale de Société Générale à Paris le 14 décembre pendant la COP24.” conclut Jon Palais, d’Action Non-Violente COP21.
Une perspective confirmée par la mobilisation ce week-end, malgré la pluie et le vent, en nombre de participations, mais aussi de stands, d’animations, d’alternatives présentées, d’exposants, de conférences, qui témoignent de la diversité des solutions à mettre en place pour enrayer le dérèglement climatique. Cette effervescence citoyenne à Bayonne reflète ce qui a été constaté sur les 4 mois du passage du Tour Alternatiba où au total plus de 77 000 personnes ont montré leur détermination à agir pour changer concrètement les choses.
Avec près de 50 conférences (auxquelles ont participé 6263 personnes) sur des enjeux aussi fondamentaux que le bilan climat et transition énergétique du gouvernement actuel, les freins à la transition, la relocalisation de l’économie, le financement de la transition, les transports, les énergies renouvelables, la solidarité et la justice climat, ce week-end a également constitué un apport aux réflexions en cours. Des alternatives concrètes comme le fournisseur d’électricité 100 % renouvelable Enargia ou l’eusko, déjà première monnaie locale d’Europe en volume de monnaie en circulation, qui a franchi ce même week-end le cap de 1 million d’euskos, ont démontré la possibilité qu’ont les alternatives à changer d’échelle. Sous des airs de grande fête populaire, Alternatiba 2018 a une fois de plus confirmé que l’enjeu crucial de la lutte contre le dérèglement climatique est non seulement un défi vital que des dizaines de milliers de citoyens sont prêts à relever, mais également le socle pour des sociétés plus soutenables et désirables.