Alternatiba, pour construire par le bas des alternatives
Du sommet de New York à la Cop 21, quels sont les grands rendez-vous officiels sur le climat et leurs enjeux (théoriques et pratiques)?
Avant la COP21 à Paris en décembre 2015, nous avons plusieurs autres rendez-vous internationaux : une pre-COP organisée du 4 au 6 novembre 2014 par le gouvernement du Venezuela, centrée sur l’impact social du changement climatique et l’engagement nécessaire des mouvements sociaux ; la COP20 à Lima en décembre 2014, qui dessinera les contenus de la Cop21 à Paris ; le sommet des chefs d’État et de gouvernement en septembre 2015 dans le cadre de la conférence annuelle de l’ONU, devant définir les objectifs de développement pour l’après 2015.
Au niveau européen, le conseil européen du 23 et 24 octobre définira le nouveau cadre d’action en matière de climat et d’énergie, qui constituera ensuite la feuille de route dans les négociations internationales pour la COP21.
Pour la France, la discussion de la loi sur la transition énergétique, indiquera clairement les rapports de force en présence et le degré d’engagement pour les politiques climatiques.
Qu’est-ce que la dynamique Alternatiba ?
Je vois la dynamique Alternatiba comme l’apparition publique de nouveaux acteurs sociaux et de nouvelles pratiques politiques en lien avec la nécessité de s’engager dès maintenant dans la mutation écologique. Cette dynamique a un sens qui dépasse les mouvements et expériences qui la constituent : elle exprime la volonté de s’emparer concrètement du bouleversement climatique, de construire par le bas des alternatives qui s’opposent aux racines du dérèglement du climat et refusent de s’en remettre aux solutions techno-économiques préconisées par les multinationales, par la finance verte et par les États qui leur ont abandonné leur autonomie politique.
Cette dynamique est née de l’échec de la conférence de Copenhague en 2009, elle se nourrit d’expériences nouvelles opposées à la fuite en avant productiviste. Elle exprime la volonté de se réapproprier l’espace politique global, capturé par des lobbies industriels et financiers et par des Etats irresponsables.
Est-ce qu’il y une chance pour que la COP21 ne soit pas « une grande messe » (sans effet/conséquence) de plus ?
Sans la mobilisation de mouvements citoyens puissants et déterminés, la COP21, de laquelle doit sortir un accord, ressemblera à une grande scène où chacun viendra avec des engagements qui ne les engage pas, tout ceci accommodé de débats techniques qui engloutissent le sens de la conférence et éloignent les citoyens. On peut même penser que les grandes manifestations citoyennes feront partie du rituel. À nous de trouver des moyens d’expression pour faire entendre d’autres voix et pour restituer au climat sa dimension politique.
Que peuvent faire les citoyens d’ores et déjà pour se préparer à ces grands rendez-vous et agir de façon efficace pour que de vraies mesures (efficaces et justes) soient prises dans le domaine de l’urgence climatique ?
Le bouleversement climatique est un sujet qui traverse toutes les activités humaines et sociales. Il peut être un levier pour aller vers d’autres mondes. C’est ce que nous avons à montrer, partout là où nous sommes, en reliant nos résistances et nos expériences. Nous avons à faire apparaître les responsables des dérèglements, à nous saisir des évènements climatiques qui ne manqueront pas de se manifester concrètement, à nous opposer au fatalisme et au «business as usual». En France, la discussion de la loi sur la transition énergétique, ne doit pas restée confinée dans les couloirs des ministères et du Parlement.