Du récit du désarmamment au désarmament du récit

2024/12/16
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Cet après-midi, les Artisans de la Paix ont tenu une conférence de presse à Baiona. Ils y ont présenté un document détaillé et bien justifié qui corrige celui présenté par le Lehendakari Urkullu en 2019. Les Artisans assurent qu'il est normal qu'il y ait des points de vue différents entre le Gouvernement Basque et eux, mais le problème est que « ce document officiel du Gouvernement Basque, disent les Artisans, contient des mensonges douloureux, d'autant plus intolérables, que l'auteur a voulu le déposer dans une archive de la mémoire historique, au service de la coexistence et des droits de l'homme ». Le document mérite d'être lu. Nous vous laissons ici, lecteur, en un éclair, quelques sujets qui apparaissent parfaitement documentés dans l'ouvrage présenté. Nous vous assurons que cela en vaut la peine.

Lire le document complet : Mise au point des Artisans de la paix au sujet du déroulé réel de la phase finale du désarmement d’ETA

  • Réécriture intéressée de l'histoire : Les Artisans de Paix affirment que le rapport du Gouvernement Basque offre une version partielle et fausse du processus de désarmement, en minimisant la contribution des Artisans et en présentant le Gouvernement lui-même comme un acteur central, alors qu'en réalité, ce n’était pas le cas.
  • Désaccord sur l'Opération Luhuso : Alors que le rapport du Gouvernement Basque qualifie l'opération Luhuso d'échec, les Artisans de Paix affirment qu'elle a été essentielle pour débloquer le processus de désarmement et changer l'attitude des gouvernements français et espagnol.
  • Le rôle du Gouvernement Basque dans les négociations : le rapport du Gouvernement Basque tente de s'attribuer un rôle dans les négociations avec la France, mais les Artisans de Paix précisent que les discussions avec Paris ont été faites directement avec les préfets et représentants français, et non avec les médiateurs basques.
    • Fausses accusations sur les intentions des Artisans : le rapport accuse faussement les Artisans de la Paix d’avoir voulu organiser une manifestation festive le 8 avril 2017 et d'avoir eu l'intention de détruire les armes, alors que la vérité est qu'ils ont toujours promu une conduite digne et respectueuse des victimes, ainsi qu'une remise des armes contrôlée et vérifiable.
  • Rejet du plan des Artisans : Le Gouvernement Basque a d'abord qualifié le plan des artisans d'« irréaliste » et « irresponsable », mais les faits ont montré que c'était la seule manière de rendre viable un désarmement total sans incidents ni arrestations.
  • Relation avec le Gouvernement français : Les Artisans de Paix affirment avoir eu une relation plus fluide et constructive avec le Gouvernement français qu'avec le Gouvernement basque. En fait, le gouvernement basque se montrait méfiant et réticent à reconnaître la capacité des Artisans à dialoguer avec les autorités françaises.
  • Divergences par rapport à la journée du 8 avril 2017 : Les Artisans de Paix accusent le Gouvernement Basque d’avoir essayé d'introduire des changements dans le plan du 8 avril.
  • Fausses affirmations sur la légalité du processus : Le rapport Urkullu suggère que les Artisans de Paix n'ont pas respecté la légalité du désarmement, alors qu'ils affirment avoir suivi les directives du gouvernement français et que, même si certaines actions étaient à la limite de la légalité, ces actions étaient justifiées pour éviter la violence et atteindre l'objectif.
  • Manque de reconnaissance et de soutien : Les Artisans de Paix affirment que le Gouvernement Basque ne reconnaît ni ne soutient leur travail, malgré le fait que les représentants du Gouvernement français et d'autres institutions ont reconnu l'importance des Artisans pour parvenir au désarmement total,vérifié, et non-violent.
  • Manque de loyauté : Le Gouvernement Basque a divulgué aux médias le format opérationnel préparé par les Artisans pour le 8 avril 2017. Cette fuite a fait perdre confiance aux Artisans de Paix dans le Gouvernement, et à partir de là ils n'ont pas pu partager avec lui d’information importante.
  • Exigences croissantes : Lorsque les Artisans de Paix ont satisfait à toutes les exigences établies par le Gouvernement Basque, celui-ci en a ajouté de nouvelles, exigeant toujours plus. Cela faisait du gouvernement le principal obstacle pour les Artisans et rendait les relations de travail presque impossibles. Le gouvernement français ne s'est pas livré à ce type de comportement et a mené des conversations basées sur la confiance.
  • Grande dépendance à l'égard du Partido Popular (PP) : Les Artisans de Paix affirment que le Gouvernement Basque croyait le gouvernement du PP et Mariano Rajoy, même si l'on savait que le Gouvernement espagnol mentait et voulait entraver le processus par des arrestations. Après les conversations entre Rajoy et Urkullu, il semble que le Gouvernement Basque ait agi dans un état de nervosité. Ce que Rajoy a dit du gouvernement français n’était pas en accord avec ce que les Artisans de la Paix ont entendu lors de leurs conversations directes en France. Cela a affaiblit la position du gouvernement basque et lui a fait perdre le contrôle du processus.
  • Manque de vision et d'orientation claire : dans les derniers jours du désarmement, le Gouvernement basque s'est concentré, à Arkaute, sur une organisation stérile de la semaine, tandis que le Gouvernement français et les Artisans de Paix préparaient le processus. Les principaux acteurs politiques et syndicaux ont soutenu le désarmement et les parlements de Navarre et de la Communauté autonome basque ont également exprimé leur approbation. Le Gouvernement basque, en revanche, s'est exclu de cette tendance et a également perdu la possibilité de capitaliser sur son intervention positive dans le processus.
  • Mépris d'Iparralde et des Artisans de Paix : Le Gouvernement Basque ne croyait pas que les Artisans de Paix puissent avoir un contact direct et un accès direct aux hauts représentants du Gouvernement français. On sait que le modèle de gestion du Gouvernement de Vitoria-Gasteiz est particulièrement éloigné de la participation naturelle de la société civile, ce qui a provoqué un manque de compréhension tout au long du processus, qui a conditionné toute la stratégie gouvernementale, le laissant sans capacité de comprendre et d'assimiler la réalité.